Nouvelle soirée transition, au Café 2
Accueillie au Café 2 la mairie de Lailly-en-Val par les tauliers et l(H)amac, l’association Cléry-Saint-André en transition proposait mardi 25 juin une table ronde entre différents porteurs de projets de transition culturelle, écologique et énergétique. Une vingtaine de personnes ont participé à ce temps d’échanges riche et animé dans un esprit d’ouverture et de bienveillance.
L'(Ha)mac
Grégo Renault, représentant l’(H)amac, a lancé l’événement en rappelant l’histoire de cette association. Pendant huit ans, une trentaine de bénévoles ont travaillé sur des programmations culturelles annuelles, dans un fonctionnement horizontal et participatif (le responsable légal est par exemple tiré au sort chaque année). Alors qu’ils s’interrogeaient sur la possibilité de mettre en place des rendez-vous plus réguliers, un projet de relancer un bar-tabac du centre-bourg en le transformant en café associatif et culturel s’est présenté. Le binôme tauliers-bénévoles a donné naissance au Café 2 la mairie, où cohabitent désormais en harmonie offre artistique et lien social, spectacles et jeux, discussions et PMU. Le commerce est sauvé, les habitants ont investi les lieux où les idées fourmillent.
Les fous de bassan!
Maéva Ruffier, au nom de la compagnie des fous de bassan !, a présenté un autre projet culturel, Les chemins qui parlent, qui consiste à collecter des questions que se posent consommateurs et producteurs à propos de l’alimentation et de l’agriculture. Leur démarche relève des interrogations essentielles comme sur le bio et le conventionnel, la confiance et la traçabilité, l’évolution nécessaire des comportements et les freins à ce changement. Ces questions seront mises en forme pour provoquer le dialogue. Rendez-vous est donné le 30 août à Lailly-en-Val (l’eau), le 31 août à Ouzouer-le-Marché (l’air), et le 1er septembre à Saint-Ay (la terre). Cléry-Saint-André en transition demande de quelle façon l’association pourrait participer à ce projet ?
Le Pays Loire Beauce
Comment amener les citoyens et les professionnels à changer ? Aurélie Lehoucq, chef de projet Leader au Pays Loire Beauce, a réagi en présentant les missions de sa structure, particulièrement tournée vers la transition énergétique et écologique. Le Pays, installé à Saint-Ay, accompagné de sociologues et d’agronomes, tente d’impulser des démarches collectives chez les agriculteurs pour « entraîner un changement de pratiques », notamment dans la plaine beauceronne. De nombreuses discussions ont eu lieu avec des producteurs, où la question du bio est souvent revenue. Mais le rapport à la terre forge des convictions et les habitudes ont tendance à résister… Son territoire s’élargit au val d’Ardoux où certains projets sont désormais éligibles à des aides financières.
L’Amap Terres d’Ardoux
L’Amap Terres d’Ardoux a non seulement séduit une centaine d’adhérents mais œuvre pleinement au soutien d’une agriculture paysanne bio sur le secteur de Cléry-Saint-André. Une trentaine de producteurs fournit les membres de l’association en fruits, légumes, miel, bières, vins, produits laitiers ou viande. Clarisse Cazeaudumec a témoigné des difficultés rencontrées par un couple d’éleveurs de brebis pour trouver des terres où s’installer. Tant de champs sont pourtant laissés en friches et de domaines consacrés à la chasse… Comment améliorer la transmission d’exploitation, préparer la montée en puissance du bio, communiquer plus efficacement sur ce type de recherche ?
L’école nature Upaya
Le constat est fait d’une volonté globale de transition mais aussi de l’existence de freins importants sur le terrain. C’est pourquoi il semble crucial de sensibiliser les plus jeunes d’entre nous. Eugénie Herbreteau a justement eu l’occasion d’évoquer le projet d’école par nature Upaya, qui se développe à Dry. Basée sur l’éthique de la permaculture appliquée au domaine de l’éducation, cette école de la transition veut rétablir une connexion entre les enfants et leur environnement. Yourte, toilettes sèches, animaux… Une quinzaine d’écoliers âgés de 3 à 18 ans, dans une classe unique qui fonctionne sur la coopération et le mode projet, y sont attendus à la toussaint 2019. Ils y viendront à temps plein ou à temps partiel. « Qu’ils deviennent des citoyens engagés ! » Upaya cherche à se mettre en réseau pour s’ouvrir au public et s’intégrer à ce mouvement qui réunit tous ces acteurs ce soir-là.
La commission Eco-mômes
Liza Garrapit, de la commission Eco-mômes de la Jeune chambre économique d’Orléans, est dans le même cas. Elle souhaite mettre en place des actions citoyennes. Après une journée World clean up à Orléans, elle s’est rendu compte de la dynamique qui anime les enfants quand ils peuvent manipuler des objets. « Ce sont eux les citoyens de demain. » Dans le but de sensibiliser les jeunes à la faune, à la flore, à l’éco consommation, elle envisage de créer des ateliers, autour des déchets notamment, tout au long de l’année dans une école publique d’Orléans et une école privée de Cléry-Saint-André, ainsi que des passerelles entre leurs deux jardins pédagogiques. Elle lance un appel à bénévoles (une personne s’engage dans la foulée à apporter son aide) et à des partenariats financiers toujours difficiles à trouver.
Le Pays Loire Beauce
Alex Navucet, du Pays Loire Beauce, a précisé que de nouveaux défis multi-thèmes seront bientôt proposés aux familles : énergie, consommation d’eau, déchets… Avis aux foyers qui veulent s’inscrire dans un challenge de transition ! En ce sens et sur d’autres sujets, Cléry-Saint-André en transition reviendra prochainement vers le Pays.
Le Jardin de Vézenne
Emmanuelle, hortithérapeute, organise aussi des ateliers éducatifs sur le vivant, au Jardin de Vézenne ouvert depuis 2 mois à Lailly-en-Val. Ferme, potager en permaculture et serre attendent les visiteurs, notamment les personnes en situation de vulnérabilité, sur 4000 m² environ. Par exemple, si le projet individuel d’un résident d’un Ehpad consiste à maintenir son autonomie, Emmanuelle l’amènera à travailler sur des semis fins pour exercer ses mains et ses doigts. Cet espace plus que rare dans la Région permet en effet de réveiller les sens ou les souvenirs à travers l’odeur, le contact ou le goût des plantes. Un lien est établi entre le Jardin, le Pays Loire Beauce et l’Amap.
Énergie partagée
Pour conclure, Raphaël Mercey a raconté son parcours. Il faisait partie d’un groupe d’une trentaine de personnes, à Vendôme, qui a préféré agir collectivement plutôt qu’individuellement dans le but d’installer des panneaux solaires sur un espace commun. « On s’est dit qu’on arrêtait de parler, qu’on allait le faire ! » Deux ans plus tard, 400 m² de toiture en panneaux solaires sont apparus sur le toit d’une recyclerie. Ce système produit de l’électricité pour 25 foyers et devrait s’avérer rentable au-delà de 17 ans. Chaque citoyen membre de ce collectif a apporté plus ou moins un millier d’euros, jugeant ce placement utile et responsable.
Raphaël a par la suite été engagé par l’association nationale Energie partagée et dispense ses conseils en région Centre – Val de Loire où 14 collectifs sont déjà en action. Chacun doit répondre à plusieurs conditions principales : l’énergie est produite et diffusée localement ; l’installation ne nuit pas à l’environnement (friches par exemple) ; la gouvernance demeure ouverte (1 citoyen ou 1 collectivité = 1 voix) ; le projet n’a pas de visée spéculative ; les produits sont réalisés localement. L’avantage de ce cheminement tient en grande partie à l’autonomie qu’elle préserve pour les porteurs de projets. Un collectif d’un petit village breton a ainsi décidé que les quatre éoliennes montées sur leur territoire observeraient une pause à l’heure de l’apéritif…
Cléry-Saint-André en transition
C’était justement le moment, pour les participants à cette soirée, de conclure par un temps de convivialité, et d’envisager de futures rencontres pour avancer sur un certain nombre de pistes. L’association Cléry-Saint-André en transition réfléchit déjà à de futurs rendez-vous.